Coup de gueule : Dieu a-t-il vraiment quitté l’Afrique ?
Ce matin là, lorsque je suis sortie de mon lit, j’ai fait un tour sur Facebook, la maladie du siècle. On ne peut s’en passer. J’ai vu des images, des vidéos venues directement de la capitale ivoirienne. Elles m’ont fait froid dans le dos. Et je me suis souvenue de la célèbre réplique de Bruce Willis dans le mythique film Les larmes du soleil « Dieu a déjà quitté l’Afrique ».
Attrapé, menotté, lynché, égorgé, dépecé, brûlé et la tête brandie comme un trophée. Oui, il s’agit bien d’un être humain et non d’un poulet. Et l’on n’est pas dans le tristement célèbre Etat islamique qui s’est plusieurs fois illustré dans l’art d’égorger des êtres humains. Cette fois, nous sommes bien en Côte d’Ivoire, dans MON pays. Wouhh j’ai crié.
Qui est cet être humain, cet Ivoirien traité comme un poulet ? On l’appelait Zama. Il était le présumé chef d’une bande de jeunes « les microbes » qui sévissent en Côte d’Ivoire depuis plusieurs mois. Ils agressent des citoyens, les dépouillent de leurs biens et les tuent ensuite. Ils enlèvent des enfants, coupent leurs membres, dont ils ont besoin et les tuent ensuite. Ils sont sans pitié, ils ont fait des dizaines de victimes dans la capitale depuis des mois et l’Etat ivoirien peine toujours éradiquer le mal.
Alors, maintenant que vous avez une idée de ce qu’il pouvait bien être, il est possible que vous pensiez qu’il méritait une telle mort, pourtant moi, je n’y consens nullement, mon cerveau refuse une telle atrocité, une telle mort, même pour mon pire ennemi. Pourquoi ?
La violence, j’en ai horreur, la violence, j’en ai une peur bleue. D’aucuns n’en auront cure de ce que je ressens face à la violence. Alors une autre raison à la dénonciation d’un tel « massacre » : dans aucune société, aucune société digne de ce nom qui se veut et se réclame état de droit, cela ne devrait avoir lieu. Je vous épargne les images. Mais imaginez certains le piquaient avec des couteaux, d’autres le tapaient avec des marteaux, d’autres avec des cailloux, des briques. J’ai arrêté la vidéo. Je n’ai pu la regarder jusqu’au bout. Elle a heurté ma sensibilité et mon éducation qui m’apprennent que la vie humaine est sacrée. Oui, elle m’a laissée sans voix. Ma question ? A quel moment un être humain peut-il avoir la force de frapper un autre être humain avec un marteau sur la tête ? Certainement au moment de la colère lorsqu’il est dans un état second. Cette colère te pousse à le tuer, mais es-tu encore en colère quand tu le dépèces comme un animal ? Je dis non. Es-tu en colère quand tu brandis sa tête et que tu permets à d’autres de prendre des photos qui seront ensuite publiées sur Facebook ? JE DIS NON. Et Toi qui prends la photo et filmes la scène, es-tu aussi en colère ? JE DIS NON. A ce moment précis, tu ressens de la satisfaction, de la fierté d’avoir ôté la vie à ton semblable ! Tu es heureux d’avoir fait cela. Je crois que là, tu n’es plus humain et tu es pareil à Zama qui n’avait pas de scrupule à tuer des enfants et qui était animé d’un sentiment d’enrichissement nauséabond. La société devrait-elle également se débarrasser de toi?
Quel ETAT de DROIT ?
Une autre raison : aucune preuve n’a été établie que c’était bien lui le coupable. Certains disaient qu’il disparaissait. D’autres affirmaient sans preuve aucune qu’il avait des pouvoirs mystiques. La possibilité de la véracité de ces affirmations est un fait, mais nos sociétés ont également développé le don de faire passer des rumeurs pour des réalités. À une vitesse vertigineuse, le vrai devient faux et vise versa.
Considérons tout de même qu’il était coupable, soit ! Mais si tout le monde doit se faire justice, que chaque victime doit tuer ou égorger son bourreau, alors il n’y a aucune raison que les lois existent, que la police existe, que les nombreux magistrats soient payés avec l’argent du contribuable, que les prisons soient construites. Tout ceci n’aura plus de raison d’être.
J’étais atterrée, consternée. J’ai eu froid, j’ai eu mal, mais surtout j’ai eu peur, très peur, c’était une horreur. Mais j’ai encore plus peur lorsque j’entends les gens se réjouir d’un tel déchaînement de violence. Nos gouvernants nous parlent tous les jours d’émergence, d’état de droit et c’est dans la capitale que se passent de tels événements. J’appelle cela « No comment ! » Quel est ce pays de droit où l’on attrape un homme qu’on dit coupable de crime, le menotte (il faut savoir que dans un pays de droit, seules les forces de l’ordre sont en possession de menottes), le lynche avec marteau, couteaux, caillou, brique, l’égorge ensuite avec une machette. L’on a ensuite le temps, le courage et surtout la force nécessaire de le dépecer comme un animal et enfin de le brûler sans qu’aucune police n’intervienne. Dans quel monde sommes-nous ? Dans la jungle peut-être ! Un pays sans loi, ni foi et surtout ni cœur ! Il faudra juger ces gens et leur apprendre que les lois sont faites pour être respectées et appliquées. Dans le cas contraire, membres des forces de l’ordre, allez tous à la retraite, s’il vous plaît, faites-le maintenant !
En tant qu’Ivoirienne, je ne me sens plus en sécurité. Si de passage dans une rue quelqu’un m’accuse d’avoir tué son enfant, sans preuve, sans chercher à comprendre, la foule autour peut me lyncher comme ce Zama. Seigneur, dans ma Côte d’ivoire, la sécurité des citoyens a foutu le camp. Et pire, c’est un fait qui renvoie une image des plus négatives de notre pays à l’étranger même si la guerre est passée par là.
Alors Dieu, si tu es parti de chez nous, de nos foyers, de nos pays, de notre Afrique, reviens s’il te plait. L’AFRIQUE A BESOIN DE TOI, LA COTE D’IVOIRE A BESOIN DE TOI !
Commentaires