Sarah

Retour sur le début de l’aventure

Quelques années après avoir rejoint la communauté des Mondobloggeurs, je mets sur ma page le texte qui avait abouti à ma sélection en 2014. Le thème donné par les organisateurs : « Chez moi c’est…« 

La guerre est passée par là, elle y est encore d’ailleurs et elle y viendra certainement un jour. Ils sont nombreux ces pays qui ont connu les affres de l’intolérance, de la division et de la haine. Tous ces pays symbolisent nos demeures et ces peuples meurtris sont des frères et sœurs. Leurs nations brutalisées représentent les nôtres. Leur demeure, les nôtres. Chez eux, chez nous donc, chez moi.

Chez moi, ce sont les ruines des maisons, le souvenir des morts, le ressenti des corps, la peur de l’avenir dans la misère. Chez moi c’est la guerre et pourtant le monde continue de vivre sans plus une pensée pour moi. Il m’a oublié dans le tréfonds de ma douleur, dans le quotidien de ma peine, dans la tristesse d’avoir perdu mes enfants, dans l’obscurité de ma chambre qui n’est désormais que ruine et désolation.

Gaza, Bangui, Bamako, Misrata, Alep, Donetsk… Ma terre se meurt. Elle porte les séquelles des souffrances endurées, des souffrances à lui imposées par l’ennemi, ennemi extérieur mais très souvent intérieur. Chez moi, c’est la haine qui fait la loi, chez moi, l’homme a perdu son humanité. Chez moi, c’est le malheur, la torpeur et l’enfer. Je le sais, je le suis et je le sens. Peu importe que BFM TV m’envoie les sons des bombes israéliennes sous lesquelles meurent des centaines de palestiniens ou pas, que CNN me parle du sommet Afrique/ Etats Unis plutôt que du génocide qui se prépare en Centrafrique, je dispose d’une arme nécessaire à la compréhension de ce qui se passe DANS MON ETRE, de ce qui se passe chez moi, de ce qui se passe en moi.

Rester debout

Terre fragile mais aimable, terre abimée pourtant authentique, terre brulée mais encore sensible, je te comprends, te sens et te rends hommage. Ma maison a été touchée mais elle reste debout pour ne pas faire plaisir aux insurgés. Elle reste debout comme pour dire à la face du monde que rien ne saurait ébranler l’espoir qui est en moi. Une espérance que rien ne détruira sauf la mort.
Mon corps a subit des blessures et mon âme a enregistré la douleur. Mon cœur est resté marqué par l’horreur pourtant il n’est pas question d’arrêter.

Terre de mes ancêtres, lit de mes aïeux, aucune force ne saura me détourner du combat de la dignité, seul signe d’humanité qui reste encore enfoui en moi. Dans ce combat insolent pourtant digne, je demeurerai debout.

Chez moi, c’est Gaza. Oh toi Gaza, je fais un avec toi. Gaza, je vois ta peine, je sens ta douleur. Gaza c’est ma maison, Gaza c’est ma nation, Gaza c’est ma patrie. Gaza, l’âme de mon existence, je te fête, je te chante et je t’honorerai.

Chez moi, c’est Bangui. Bangui, ma sève. Toi pour qui mon cœur saigne. Bangui, fantôme que tu es devenu, ton amour demeure intact en moi car tu es à moi, tu es ma Terre et rien ne saurait remplacer même une petite portion de toi. Toi qui as vu naître mon ascendance, tu verras certainement naître ma descendance un jour. Oui, un jour peut-être.

Chez moi, c’est Donetsk. Oui Donetsk. Toi que j’ai dû fuir, que j’ai dû laisser pour échapper à la mort, je te porte en moi. J’ai mal pour toi pourtant je sais qu’il y encore a de la vie en toi. Je penserai à toi, je ferai des prières pour toi et tu y échapperas un jour, j’en ai l’intime conviction.

Chez moi, c’est aussi Alep. Alep meurtri, Alep appauvri, Alep assombri. Alep, je suis tien et tu es mien car tu m’as vu croitre et pourtant je t’ai vu fondre. Tu es affaibli et pourtant je te chéri. Tu traverses des instants difficiles mais tu te relèveras, certainement, inéluctablement.
Villes touchées mais pas atteintes, nations atteintes mais pas couchées. Nations fragiles, vous êtes ma conviction.

L’espoir

L’on vit tout ça. Tout cette désolation, cette haine, cette guerre mais rien n’est perdu. Il y a encore des chances de se relever à la maison. Chez moi, il y a de l’espoir, de l’espérance, de la valeur, de la croyance. Chez moi, c’est la demeure de l’amour, de l’affection. Chez moi, il y a la vie sous les décombres, il y a la vie, car la mort n’arrête pas la vie, elle arrête une vie. Chez moi, c’est l’espoir loin du désespoir. Chez moi, c’est la vie.


Ah ! le coronavirus, tu auras fait ton temps dans ma chère patrie !

Eh oui, tu auras prouvé aux ivoiriens et au reste du monde qu’entre le gouvernement de ma chère Côte d’Ivoire et les populations, ce sont les dernières qui font la loi et dans l’anarchie la plus totale. Tu nous auras démontré par A plus B qu’on est encore très loin du compte. Tu nous auras obligé à accepter que tout est à refaire dans ma chère patrie. Tu nous auras mis face à l’évidence : le b.a.-ba n’est même pas encore en place chez nous.

Que peut-on espérer dans ce cas de figure face au Covid-19 qui a fait plier la première puissance mondiale ? c’est la question à 10 000 euros. Désolée je ne compte plus en francs CFA — j’ai perdu l’habitude et puis Macron avait annoncé que ça allait bientôt disparaitre, non ? 😊

Les faits

Je me suis réveillée ce matin-là, à la mi-journée, dans un moment où le confinement en France m’amène sur Facebook. J’espérais avoir quelques bonnes nouvelles mais à la place, je tombe sur une vidéo. Tenez-vous bien, ces images montraient quelques dizaines de personnes en majorité jeunes se pavanant et criant. Il s’agirait d’habitants d’un village à Abidjan qui refusent qu’on installe un centre de dépistage du Covid-19 ‘‘chez eux’’. « Eh Allah » fut ma première réaction. J’étais interloquée.

Des images auxquelles j’ai eu du mal à croire. Des images qui m’ont choquée mais qui m’ont surtout rendue triste. Triste pour ma chère nation et ses habitants. Des images qui m’ont encore rappelé à quel point mon peuple est ignorant, à quel point les pouvoirs publics de mon pays ont perdu la main. À peine deux jours après Yopougon, c’était au tour d’Anono de faire reculer le gouvernement. J’ai juste eu l’impression d’être dans un film. Malheureusement, ce n’était pas qu’une impression, c’était une réalité. Oui, une réalité bien triste et complètement incompréhensible.  

La Côte d’Ivoire à l’heure du Coronavirus

Lire aussi : « Ma Côte d’Ivoire à l’heure du Covid-19 »

Depuis l’apparition de cette pandémie, Abidjan nous montre chaque jour un nouveau visage. Et la capitale ivoirienne nous a encore prouvé qu’il y a deux manières de gérer cette crise sanitaire qui touche la planète entière. La manière dont le reste du monde gère le Covid-19 et la manière tristement célèbre à l’ivoirienne. Oui, notre Côte-d’Ivoire gère « à sa manière ».

Mon cher pays, toi qui sais si bien te démarquer, toi qui réalises tant d’exploits, toi qui connais si bien les stratégies pour sortir du lot et devenir célèbre, cette fois, tu as vraiment réussi ton coup. Le coronavirus t’a rendu plus efficace que jamais. Le coronavirus t’a rendu plus performant que tu ne l’as jamais été auparavant.

Qui sème le vent récolte la tempête !

Chez nous en pays mandingue, il y a un proverbe qui dit ceci : « quand tu appelles ton enfant ‘commandant‘, le jour où il voudra réclamer les impôts aux gens, il commencera par toi ».

Quel rapport ? Le jour où le gouvernement a laissé faire en s’avouant vaincu face à des Ivoiriens rentrés de l’étranger. Ces voyageurs mis en quarantaine à l’INJS qui se sont servis des réseaux sociaux pour faire plier le gouvernement, avant de rentrer chez eux ‘‘victorieux’’. Ce jour-là, l’État ivoirien a dit aux citoyens que ce sont eux les décideurs même face à la loi et surtout à l’urgence actuelle. L’État a dit aux citoyens qu’il est incapable de gérer cette crise avec intelligence, rigueur et fermeté. Aujourd’hui, nous assistons aux conséquences de cette décision, que dis-je, de cette indécision.

Cher État ivoirien, cette erreur a été l’erreur de trop. Elle a déclenché la guerre. Oui, la guerre fut lancée ainsi. Le concours a démarré ! Celui du championnat de l’absurdité, de la bêtise, la bêtise humaine, de l’amateurisme, un amateurisme qui ne dit pas son nom, de l’irresponsabilité, une irresponsabilité écœurante: corollaire de l’illettrisme qui tue notre pays et du manque d’éducation qui assassine notre société à petit feu.

La discipline : cette valeur de notre république qui manque tant à l’ivoirien

La responsabilité, l’engagement, la rigueur, le civisme, la capacité de faire les choix qui s’imposent, le sens des priorités, en un mot, LA DISCIPLINE manque cruellement autant à nos gouvernants qu’à nos populations. Et le gouvernement qui est censé donner le bon exemple transmet plutôt son virus (celui de l’indiscipline), à grande échelle à la population. Le virus responsable du Covid-19 n’est rien comparé à ce virus ivoirien ancré dans nos mœurs, qui est « dans notre sang ». Je ne devrais donc pas m’étonner de ce non-évènement qui a lieu dans mon pays. Ce non-évènement qui montre à la face du monde combien nous sommes en manque d’éducation.  Et que peut-on attendre d’autre d’un tel État que la cacophonie ?

La réponse à cette question est simple. Demain, ce sera le tour des habitants de Koumassi, d’Abobo, de Soubré de refuser qu’on installe des centres de dépistage du Covid-19 dans leur localité. Et ça n’ira nulle part. La vie suivra son cours tranquillement et les uns continueront à contaminer les autres, multipliant ainsi les cas. Et le pays sera vite dépassé. Après, on s’étonnera des dégâts que cela produira d’autant plus que nous savons que notre système de santé est très loin d’être efficace. Nore système n’est nullement prêt à faire face à cette catastrophe du XXI e siècle.

Loin de moi l’idée de dénigrer mon pays mais ces évènements à répétition ont de quoi nous amener à nous poser une question de fond. Qu’est-ce que les ivoiriens dans leur ensemble ont véritablement compris du Coronavirus ? Quand on aura répondu à cette question, on pourra alors reprendre depuis le début et commencer à résoudre le problème à la racine.

Que Dieu protège ma Côte d’Ivoire et ses habitants.

Pensons à nous, aux nôtres et aux autres.
#SoyonsResponsables                                                                                   #PrenonsSoinsDeNousEtDelHumanité                                                                                  #StopCovid19


Ma Côte d’Ivoire à l’heure du Covid 19

Le constat

A l’heure où le monde entier fait face à une crise sanitaire sans précédent ; à l’heure où l’être humain prend peur, peur de lui-même, peur de l’autre, peur d’être infecté par le fameux virus ; à l’heure où les grandes puissances cherchent des explications à ce qui frappe notre société ; à l’heure où les pays dits développés échouent à trouver un remède efficace contre la nouvelle terreur ; à l’heure où les morts se comptent par milliers en Chine, en France, en Italie, en Espagne, aux Usa, etc. …; à l’heure où les scientifiques de quatre continents (Europe, Amérique, Asie, Océanie) sont au travail, à la recherche d’une solution durable et efficace ; à l’heure où médecins, infirmiers et aide soignants de ces continents sont engagés avec une détermination sans faille sur le terrain ; à l’heure où les citoyens de la quasi-totalité des pays du monde sont solidaires des hommes et femmes en blouse blanche ; Que faisons-nous ? Que fait ma Côte-d’Ivoire ?

A l’heure où le patriotisme et le sens de civisme des hommes et femmes des pays occidentaux prennent le pas sur tout le reste ; à l’heure où les populations de toutes les nations du monde font bloc autour des pouvoirs publics en respectant les consignes et les gestes barrières ; à l’heure où le monde « sans mon pays » se dresse comme un seul homme pour sortir l’humanité de cette impasse ; chez moi en Afrique, principalement en Côte d’Ivoire, on insulte, on brûle, on pille, on ment, on incrimine, on débat, on accuse, on s’accuse, on bavarde, on gueule, on tergiverse, bref, on fait ce qu’on sait faire de mieux c’est-à-dire RIEN. Et les réseaux sociaux nous aident bien en cela. On est tous devenus des spécialistes. Un grand merci à Mark Zuckerberg au passage :). Pendant ce temps, le virus gagne du terrain et mon pauvre peuple ne fera que subir, encore et encore comme il sait si bien le faire. On encaisse et basta !

Lire aussi « Les Africains face au coronavirus : le cas de la Côte d’Ivoire  »

A qui la faute ? Au manque criard d’éducation. Oui si nous étions un minimum éduqués, nous aurions, depuis bien longtemps, pris la pleine mesure du danger que représente ce virus ; nous aurions compris que les mesures prises par le gouvernement sont uniquement dans notre intérêt, nous n’aurions pas attendu qu’on nous dise de respecter des consignes, nous l’aurions fait de nous-même ; et surtout, nous ne nous serions pas permis de faire ce que nous avons fait à Yopougon. Quel beau gâchis !

Un patient pris en charge

A qui la faute ? A notre égoïsme légendaire qui se traduit par le manque d’altruisme de nos dirigeants qui réfléchissent d’abord en termes de « moi et ma famille » au lieu de penser au peuple qui les a élus. Ces dirigeants qui ne tarderont pas, si ça chauffe, à partir dans ces mêmes pays occidentaux pour se faire soigner et laisser leur peuple agoniser (aucune honte). Et toi population, tu n’as pas encore compris cela. Les gens sont dans leur manoir, ils font un minimum pour t’aider, tu vas t’en prendre à ce minimum, pfff. Au moins, ils essaient même si ce n’est pas grand-chose à nos yeux.

Quelle participation?

Là où les chercheurs occidentaux s’attellent et finissent par trouver, les nôtres, attentistes continuent de regarder, d’observer. Ils sont là, depuis des décennies. Je ne sais pas ce qu’ils cherchent mais je n’ai pas encore vu de resultat. Tous ces vaccins et médicaments contre les maux, même ceux qui ne touchent que le continent africain (le palu par exemple) sont élaborés, mis en place par nos camarades de l’autre côté et envoyés chez nous ensuite. Il faut néamoins reconnaître que les Etats africains ne font pas grand-chose pour offrir de meilleures conditions de recherche à nos chercheurs. Mais malgré cela, c’est nous qui nous plaignons. Nous accusons nos chers amis de tous les mots mais qu’a-t-on fait de notre côté ? J’aimerai bien le savoir ; Et c’est nous qui exigeons le respect. Ça se mérite ce truc-là, lol !

Les responsabilités sont partagées. Le manque de rigueur et de discipline à tous les niveaux de notre pays, de notre société est à décrier, du plus haut sommet de l’état au petit vendeur de savons du quartier, en passant par l’enseignant. Et il aura raison de nous si rien n’est fait. Populations de Côte-d’Ivoire, soyons d’abord disciplinés ; C’est à ce moment-là que nous pourrons exiger plus de nos gouvernants. Au moins, il nous reste une chose : prier. Priez tchêo ! Ça va aller.

Que Dieu protège l’Afrique. Que Dieu protège ma patrie et ses habitants.

Pensons à nous, aux nôtres et aux autres #SoyonsResponsables                                                                                   #PrenonsSoinsDeNousEtDelHumanité                                                                                      #StopCovid19