« L’Occident, un rêve qui perdure ! »

23 avril 2015

« L’Occident, un rêve qui perdure ! »

L’immigration, un seul symbole à mes yeux : un homme qui abuse d’une femme qui lui est interdite au risque de finir en prison pour cet acte ignoble. Voici comment je résume cet amour presque interdit entre les immigrés clandestins et l’objet de leur fantasme. « Occident mon rêve, laisse-toi faire, car que tu le veuilles ou non, je te pénétrerai, quel qu’en soit le prix ». 

Cent, deux cents, trois cents, huit cents par bateau, par barque. Ces infortunés foulent ces embarcadères de fortune. Ils les montent et s’installent. Regards inquiets, la peur enfouie au plus profond d’eux surgit et se lit sur leur visage à la vitesse de la lecture d’un best-seller. Mais, ils se rassurent les uns les autres, non au travers de la parole, mais la vue du voisin réconforte et console. On se dit qu’on n’est pas le seul à prendre de tels risques. Et ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : un monde meilleur.

La pensée de la famille transporte chaque homme. Celle de la maman qui renifle les probables odeurs de billets des premiers westerns Union qui tardent à venir. Celle de l’épouse ou la fiancée aux aguets en attente du 1er coup de fil qui ne viendra peut-être jamais, enfin sauf probablement pour annoncer le décès. Celle de la joie sur les visages des enfants en train de se vanter auprès de leurs camarades « mon papa est en Europe ».  De tels risques, on les prend pour ça. Et ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : le paradis sur terre.

La vue de l’étendue d’eau les effraie. Ils sentent la fraîcheur, celle qui traverse le corps quand l’adrénaline de la peur monte en l’homme. La crainte est présente, elle est là, elle s’affiche et s’installe, prend possession du corps, essayant de les dissuader, de les contraindre à mettre pied à terre. Mais l’autre rive, ce n’est plus très loin, on est à quelques kilomètres, on y arrivera. Pour sûr. Un peu de courage encore. Et ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : le monde de tous les rêves.

L’angoisse y ajoute son grain de sel, elle essaie d’appuyer l’accélérateur de la raison pour qu’elle l’emporte sur la passion. Des milliers de questions défilent dans la mémoire hagarde, au bout desquelles l’ultime question : « Est-ce la seule solution ? » sur laquelle un hypothétique « Oui » sorti de nulle part vient se greffer. Et c’est parti, on prend le risque. Et ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : le monde de tous les défis.

Une folie passagère peut-être mais une folie meurtrière certaine.

Une fois qu’ils embarquent, chaque tête devient un réservoir, non pardon un dépotoir. Mais un dépotoir de quoi ? De pensées, de mauvaises pensées, de réalités refoulées, de rêves hantés, mais aussi d’une trêve rêvée, imagée, imaginée et imaginaire. La folie ???!!! Une folie passagère peut-être mais une folie meurtrière certaine. On n’est pas fou, on s’accroche, « ça va aller ». Et ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : le monde de toutes les folies y compris celle des grandeurs.

La trêve !!!??? D’ailleurs, c’est quoi cette trêve ? Mais dis donc, entre qui et qui ? Pourrait-on se demander. Mais la trêve bien sûr. Tu ne comprends pas ? Ce mot dont rêvent tant de candidats à l’immigration.  Mais la trêve pour le visa, « le maudit visa » convoité et toujours refusé à la majorité. Trêve pour un ou deux jours et durant lesquels le visa ne serait plus cette Arlésienne dont on entend toujours parler et qu’on ne voit pas. Un ou deux jours où l’Occident n’exigera pas ce bout de papier plutôt ce cachet. Un ou deux jours durant lesquels on « ouvrira les frontières » comme le chante le célèbre reggaeman ivoirien Tiken Djah. Un ou deux jours où tout le monde pourra « pénétrer »  dans le sein du vieux continent. Et Zemmour pourra ensuite dire qu’on est venu les « envahir ». Mais oui, nous sommes des envahisseurs! Mais ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : là où il fait bon vivre, là où le RÊVE devient REALITE.

A qui la faute ?

Pourquoi l’Occident attire ? L’Occident attire parce que chez nous, en Afrique, on a cessé de rêver, de voir le meilleur, de relever les défis.

L’Occident attire parce que nos dirigeants ont cessé d’avoir des visions pour tous ces milliers de jeunes qui préfèrent affronter la mort dans des embarcations de fortune plutôt que de continuer, au quotidien, d’entendre des paroles sans racines, des promesses qui ne risquent jamais d’être tenues et pourtant toujours redites avec la démagogie la plus cynique. L’Occident attire parce que, là-bas, les dirigeants peuvent encore être critiqués sans que, l’on ne court le risque d’être embastillé pour des paroles vraies que l’on a prononcées par désir d’un vrai changement des comportements et des mentalités

A tous nos dirigeants donc de comprendre que les rêves se construisent pour être des réalités dans les lieux où il est possible de les faire germer.

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Commentaires

Aboudramane koné
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Belle description qui nous fait côtoyer le temps d'un instant le migrant dans sa barque sur les vagues de la mort. Triste réalité que celle de l'immigration. Aujourd'hui, même au pays des Zoulou et de l'apartheid, le noir n'a plus sa place. Que faut-il attendre de l'occident? Le noir est un négrier pour le noir, gbès est mieux que dra. Au-delà de toutes nos jérémiades et autres glouglous sur l’extrême droitisation de l'Europe, sur les conditions inhumaines d'immigration, je ne suis pas de ceux qui lancent la pierre à l'occident en l'accusant d'être coupable de tous nos maux. A la fin et si on se regardait vraiment dans les yeux comme on dit à Abidjan et qu'on se dise les gbès ( les vérités fumantes): Tu n'as pas papiers tu veux aller faire quoi là-bas? La vérité rougit les yeux mais ne les casse pas.

Rima MOUBAYED
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Description très touchanted´une réalité très triste. Oui, c'est tout àfait ça, on a l'impression d'être dans la barque!

Sarah
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Merci Rima de m'encourager :)

friday
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Nos dirigeants n'ont jamais eu de visions pour tous ces milliers de gens et c'est triste! https://www.senorama.com

Limoune
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Merci Sarah pour ce récit romancé. Beau travail d'écriture

Sarah
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Merci à toi de l'avoir lu jusqu’au bout, merci infiniment!

Ismael Bangura
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Occident mon rêve, laisse-toi faire, car que
tu le veuilles ou non, je te pénétrerai, quel
qu’en soit le prix