Sarah

Les Africains face au coronavirus : le cas de la Côte d’Ivoire (1)

Chez nous en Côte-d’Ivoire, on entend souvent cette phrase « Yeux connait bagage qui est lourd »

Le président malgache Andry Rajoelina, a bien compris cet adage. Lui qui, conscient du fait que son pays ne pourrait pas faire face à ce nouveau virus qu’est le coronavirus, s’il venait à être contaminé, a décidé simplement de fermer les frontières alors que Madagascar est jusqu’ici épargné : zéro cas et pourtant il ferme toutes les frontières terrestres et maritimes. J’appelle ça de la responsabilité.

Tous les voisins sont touchés à ce stade, les îles voisines sont toutes contaminées (Maurice, La Réunion, Mayotte et Les Seychelles). Madagascar est certainement la prochaine sur la liste, c’est en connaissance de ce danger que le jeune président a pris cette décision. Des mesures d’urgence ont également été mises en place au niveau de la douane pour contrôler l’entrée des personnes venant des pays voisins.

Le Coronavirus qui a deja fait 10.389 morts au 20 mars 2020

Pendant ce temps, chez nous au pays de tonton Dramane (comprenez : Alassane Ouattara, le président ivoirien), on laisse entrer les Chinois par dizaines et les gens venant de pays contaminés par milliers…

Les pays africains, il faut le dire, pourront très difficilement faire face à cette maladie, je ne cesse de le dire. Nous n’avons ni les structures, ni le matériel, ni les comportements nécessaires pour venir à bout d’un tel danger. Si l’Italie, l’un des pays développés d’Europe, n’a pu faire face ; si la France, la 5e puissance mondiale, est confinée aujourd’hui face à cet ennemi invisible, ce ne sont pas nos pays-là (ce n’est pas une injure, c’est une réalité) avec un système de santé fragile et très largement en dessous de la moyenne qui pourront le faire. Ceci est d’autant plus vrai que l’incivisme est ancré dans nos meurs ; quand on nous dit que la loi interdit ceci ou cela, c’est là qu’on prend un malin plaisir à accomplir cet acte. Nous qui urinons partout sans nous soucier du lieu ou de ce que l’odeur que ça dégage fera sur les autres, nous qui jetons nos mouchoirs en papier et nos ordures partout où ça nous chante et comme nous le voulons, comment allons-nous arrêter de saluer nos copains dans les rues ou respecter le confinement si jamais cela arrivait chez nous ? Ce n’est quand même pas le coronavirus qui va dicter sa loi à nous Ivoiriens !

Comment imaginer le gouvernement ivoirien qui, en bon Ivoirien qui ne voit rien (ça ne devrait pas m’étonner), prend des mesures de lutte contre la maladie et le contraire de de celles-ci à la fois. Il faut aller en Côte d’Ivoire pour voir ça. Personne ne laisse encore rentrer des Chinois chez eux sauf nous. Malgré la « suspension pour une période de quinze jours, renouvelable, des voyageurs non Ivoiriens en provenance des pays ayant plus de cent cas confirmés de maladie à coronavirus » vous laissez passer des gens et vous en retenez d’autres. Même les chiffres alarmants qui sont publiés tous les jours sur le nombre de victimes et les conséquences ne vous font ni sursauter, ni prendre conscience du danger.

Le coup de l’étudiante et du pasteur confinés qui se sont servis des réseaux sociaux pour crier leur injustice (ce que je peux comprendre) mais jusqu’à faire plier le gouvernement, qui les a laissés rentrer chez eux, seulement 24 heures après, est encore une preuve de ce sens de civisme et de patriotisme qui manque à l’Ivoirien et surtout, de ce manque d’engagement de nos dirigeants qui n’hésitent pas à s’avouer vaincus et à rendre l’arme, même face à un enjeu de cette ampleur. Quel dommage !

En plus, alors qu’on ferme les lieux de culte, les écoles et les universités, pendant ce temps, les maquis, les bars, des lieux où les gens vont boire, se saouler, danser en se touchant et en se frottant les uns contre les autres, restent ouverts : aucune logique en fait. Je ne comprends rien à l’histoire, ou peut-être est-ce moi ? Peut-être que ne suis-je pas à jour de l’actualité, c’est possible.

S’il y avait plus de dirigeants et de citoyens responsables dans nos pays-là, conscients du rôle que chacun peut jouer, l’Afrique ne se porterait que mieux mais bon, c’est dans mes rêves, je sais. Heureusement que je peux encore me permettre ce luxe. C’est déjà ça de fait.

Comme le disait l’une de nos compatriotes l’autre jour, il ne nous reste plus qu’à prier pour qu’Allah nous protège

Pensons à nous, aux nôtres et aux autres #SoyonsResponsables #PrenonsSoinsDeNousEtDelHumanité


Coup de gueule : Dieu a-t-il vraiment quitté l’Afrique ?

Ce matin là, lorsque je suis sortie de mon lit, j’ai fait un tour sur Facebook, la maladie du siècle. On ne peut s’en passer. J’ai vu des images, des vidéos venues directement de la capitale ivoirienne. Elles m’ont fait froid dans le dos. Et je me suis souvenue de la célèbre réplique de Bruce Willis dans le mythique film Les larmes du soleil « Dieu a déjà quitté l’Afrique ».

Zama se faisant lyncher par la foule.
Zama se faisant lyncher par la foule. (capture d’écran)

Attrapé, menotté, lynché, égorgé, dépecé, brûlé et la tête brandie comme un trophée. Oui, il s’agit bien d’un être humain et non d’un poulet. Et l’on n’est pas dans le tristement célèbre Etat islamique qui s’est plusieurs fois illustré dans l’art d’égorger des êtres humains. Cette fois, nous sommes bien en Côte d’Ivoire, dans MON pays. Wouhh j’ai crié.

Qui est cet être humain, cet Ivoirien traité comme un poulet ? On l’appelait Zama. Il était le présumé chef d’une bande de jeunes « les microbes » qui sévissent en Côte d’Ivoire depuis plusieurs mois. Ils agressent des citoyens, les dépouillent de leurs biens et les tuent ensuite. Ils enlèvent des enfants, coupent leurs membres, dont ils ont besoin et les tuent ensuite. Ils sont sans pitié, ils ont fait des dizaines de victimes dans la capitale depuis des mois et l’Etat ivoirien peine toujours éradiquer le mal.

Alors, maintenant que vous avez une idée de ce qu’il pouvait bien être, il est possible que vous pensiez qu’il méritait une telle mort, pourtant moi, je n’y consens nullement, mon cerveau refuse une telle atrocité, une telle mort, même pour mon pire ennemi. Pourquoi ?

La violence, j’en ai horreur, la violence, j’en ai une peur bleue. D’aucuns n’en auront cure de ce que je ressens face à la violence. Alors une autre raison à la dénonciation d’un tel « massacre » : dans aucune société, aucune société digne de ce nom qui se veut et se réclame état de droit, cela ne devrait avoir lieu.  Je vous épargne les images. Mais imaginez certains le piquaient avec des couteaux, d’autres le tapaient avec des marteaux, d’autres avec des cailloux, des briques. J’ai arrêté la vidéo. Je n’ai pu la regarder jusqu’au bout. Elle a heurté ma sensibilité et mon éducation qui m’apprennent que la vie humaine est sacrée. Oui, elle m’a laissée sans voix. Ma question ? A quel moment un être humain peut-il avoir la force de frapper un autre être humain avec un marteau sur la tête ? Certainement au moment de la colère lorsqu’il est dans un état second. Cette colère te pousse à le tuer, mais es-tu encore en colère quand tu le dépèces comme un animal ? Je dis non. Es-tu en colère quand tu brandis sa tête et que tu permets à d’autres de prendre des photos qui seront ensuite publiées sur Facebook ? JE DIS NON. Et Toi qui prends la photo et filmes la scène, es-tu aussi en colère ? JE DIS NON.  A ce moment précis, tu ressens de la satisfaction, de la fierté d’avoir ôté la vie à ton semblable ! Tu es heureux d’avoir fait cela. Je crois que là, tu n’es plus humain et tu es pareil à Zama qui n’avait pas de scrupule à tuer des enfants et qui était animé d’un sentiment d’enrichissement nauséabond. La société devrait-elle également se débarrasser de toi?

Quel ETAT de DROIT ?

Une autre raison : aucune preuve n’a été établie que c’était bien lui le coupable. Certains disaient qu’il disparaissait. D’autres affirmaient sans preuve aucune qu’il avait des pouvoirs mystiques. La possibilité de la véracité de ces affirmations est un fait, mais nos sociétés ont également développé le don de faire passer des rumeurs pour des réalités. À une vitesse vertigineuse, le vrai devient faux et vise versa.

Considérons tout de même qu’il était coupable, soit ! Mais si tout le monde doit se faire justice, que chaque victime doit tuer ou égorger son bourreau, alors il n’y a aucune raison que les lois existent, que la police existe, que les nombreux magistrats soient payés avec l’argent du contribuable, que les prisons soient construites. Tout ceci n’aura plus de raison d’être.

J’étais atterrée, consternée. J’ai eu froid, j’ai eu mal, mais surtout j’ai eu peur, très peur, c’était une horreur. Mais j’ai encore plus peur lorsque j’entends les gens se réjouir d’un tel déchaînement de violence. Nos gouvernants nous parlent tous les jours d’émergence, d’état de droit et c’est dans la capitale que se passent de tels événements. J’appelle cela « No comment !  » Quel est ce pays de droit où l’on attrape un homme qu’on dit coupable de crime, le menotte (il faut savoir que dans un pays de droit, seules les forces de l’ordre sont en possession de menottes), le lynche avec marteau, couteaux, caillou, brique, l’égorge ensuite avec une machette. L’on a ensuite le temps, le courage et surtout la force nécessaire de le dépecer comme un animal et enfin de le brûler sans qu’aucune police n’intervienne. Dans quel monde sommes-nous ? Dans la jungle peut-être ! Un pays sans loi, ni foi et surtout ni cœur ! Il faudra juger ces gens et leur apprendre que les lois sont faites pour être respectées et appliquées. Dans le cas contraire,  membres des forces de l’ordre, allez  tous à la retraite, s’il vous plaît, faites-le maintenant !

En tant qu’Ivoirienne, je ne me sens plus en sécurité. Si de passage dans une rue quelqu’un m’accuse d’avoir tué son enfant, sans preuve, sans chercher à comprendre, la foule autour peut me lyncher comme ce Zama. Seigneur, dans ma Côte d’ivoire, la sécurité des citoyens a foutu le camp. Et pire, c’est un fait qui renvoie une image des plus négatives de notre pays à l’étranger même si la guerre est passée par là.

Alors Dieu, si tu es parti de chez nous, de nos foyers, de nos pays, de notre Afrique, reviens s’il te plait. L’AFRIQUE A BESOIN DE TOI, LA COTE D’IVOIRE A BESOIN DE TOI !


« L’Occident, un rêve qui perdure ! »

L’immigration, un seul symbole à mes yeux : un homme qui abuse d’une femme qui lui est interdite au risque de finir en prison pour cet acte ignoble. Voici comment je résume cet amour presque interdit entre les immigrés clandestins et l’objet de leur fantasme. « Occident mon rêve, laisse-toi faire, car que tu le veuilles ou non, je te pénétrerai, quel qu’en soit le prix ». 

Cent, deux cents, trois cents, huit cents par bateau, par barque. Ces infortunés foulent ces embarcadères de fortune. Ils les montent et s’installent. Regards inquiets, la peur enfouie au plus profond d’eux surgit et se lit sur leur visage à la vitesse de la lecture d’un best-seller. Mais, ils se rassurent les uns les autres, non au travers de la parole, mais la vue du voisin réconforte et console. On se dit qu’on n’est pas le seul à prendre de tels risques. Et ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : un monde meilleur.

La pensée de la famille transporte chaque homme. Celle de la maman qui renifle les probables odeurs de billets des premiers westerns Union qui tardent à venir. Celle de l’épouse ou la fiancée aux aguets en attente du 1er coup de fil qui ne viendra peut-être jamais, enfin sauf probablement pour annoncer le décès. Celle de la joie sur les visages des enfants en train de se vanter auprès de leurs camarades « mon papa est en Europe ».  De tels risques, on les prend pour ça. Et ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : le paradis sur terre.

La vue de l’étendue d’eau les effraie. Ils sentent la fraîcheur, celle qui traverse le corps quand l’adrénaline de la peur monte en l’homme. La crainte est présente, elle est là, elle s’affiche et s’installe, prend possession du corps, essayant de les dissuader, de les contraindre à mettre pied à terre. Mais l’autre rive, ce n’est plus très loin, on est à quelques kilomètres, on y arrivera. Pour sûr. Un peu de courage encore. Et ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : le monde de tous les rêves.

L’angoisse y ajoute son grain de sel, elle essaie d’appuyer l’accélérateur de la raison pour qu’elle l’emporte sur la passion. Des milliers de questions défilent dans la mémoire hagarde, au bout desquelles l’ultime question : « Est-ce la seule solution ? » sur laquelle un hypothétique « Oui » sorti de nulle part vient se greffer. Et c’est parti, on prend le risque. Et ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : le monde de tous les défis.

Une folie passagère peut-être mais une folie meurtrière certaine.

Une fois qu’ils embarquent, chaque tête devient un réservoir, non pardon un dépotoir. Mais un dépotoir de quoi ? De pensées, de mauvaises pensées, de réalités refoulées, de rêves hantés, mais aussi d’une trêve rêvée, imagée, imaginée et imaginaire. La folie ???!!! Une folie passagère peut-être mais une folie meurtrière certaine. On n’est pas fou, on s’accroche, « ça va aller ». Et ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : le monde de toutes les folies y compris celle des grandeurs.

La trêve !!!??? D’ailleurs, c’est quoi cette trêve ? Mais dis donc, entre qui et qui ? Pourrait-on se demander. Mais la trêve bien sûr. Tu ne comprends pas ? Ce mot dont rêvent tant de candidats à l’immigration.  Mais la trêve pour le visa, « le maudit visa » convoité et toujours refusé à la majorité. Trêve pour un ou deux jours et durant lesquels le visa ne serait plus cette Arlésienne dont on entend toujours parler et qu’on ne voit pas. Un ou deux jours où l’Occident n’exigera pas ce bout de papier plutôt ce cachet. Un ou deux jours durant lesquels on « ouvrira les frontières » comme le chante le célèbre reggaeman ivoirien Tiken Djah. Un ou deux jours où tout le monde pourra « pénétrer »  dans le sein du vieux continent. Et Zemmour pourra ensuite dire qu’on est venu les « envahir ». Mais oui, nous sommes des envahisseurs! Mais ce n’est pas pour rien, c’est pour l’Europe : là où il fait bon vivre, là où le RÊVE devient REALITE.

A qui la faute ?

Pourquoi l’Occident attire ? L’Occident attire parce que chez nous, en Afrique, on a cessé de rêver, de voir le meilleur, de relever les défis.

L’Occident attire parce que nos dirigeants ont cessé d’avoir des visions pour tous ces milliers de jeunes qui préfèrent affronter la mort dans des embarcations de fortune plutôt que de continuer, au quotidien, d’entendre des paroles sans racines, des promesses qui ne risquent jamais d’être tenues et pourtant toujours redites avec la démagogie la plus cynique. L’Occident attire parce que, là-bas, les dirigeants peuvent encore être critiqués sans que, l’on ne court le risque d’être embastillé pour des paroles vraies que l’on a prononcées par désir d’un vrai changement des comportements et des mentalités

A tous nos dirigeants donc de comprendre que les rêves se construisent pour être des réalités dans les lieux où il est possible de les faire germer.